Dans les espaces donnés de la rue et de sa voisine la nature, Denis Thomas construit depuis un point très personnel à l’intérieur d’un cadre unique, une vision archivée, documentaire, poétique et plastique d’un monde qui s’apparente à la Vie. L’humain dans ce champ très précis apparaît sous la forme classique du portrait ou de la scène au quotidien et parfois dans l’extrême complicité d’un déplacement, d’un mouvement, d’une action.
Denis Thomas a, – ce qui va rendre sa photographie étonnante/attachante – un sens limpide de l’appréciation d’un instant figé ou évanescent, débarrassé de son histoire et souvent de ses anecdotes. Non préoccupé par l’idée de construire et d’archiver en même temps, aucune crispation évidente ne se lit dans son travail ; si ce n’est une présence comme au ralenti et restituée, de toutes les évidences d’un temps dans sa construction et son abandon, sa genèse et sa disparition.
En observant Denis, dans son approche puis dans le développement de son œuvre photographique, mon avis initial s’est trouvé conforté tout au long de ces dernières années pour un triple enrichissement. Le premier impérieux de faire figurer sa relation étroite et autobiographique de son passage ici, sur Terre, dans sa ville et dans d’autres lieux qu’il affectionne et pour nous la faire découvrir. Le second dans l’optimisation rigoureuse autant que spontanée de l’idée d’espace et de champ dans une œuvre plastique, pour nous inciter à nous positionner aussi et inventorier avec lui. Le troisième demeure cette vision aiguë de l’humanité qu’il véhicule, la rendant poétique et unique à partir de son point vue qu’il partage pour que nous l’adoptions.
Christophe Massé. Janvier 2015