pas de porte

PAS DE PORTE

« Le citoyen. La communauté silencieuse, domestiquée »

La galerie les « pas de porte » est née lors de déambulations urbaines, quotidiennes, entre midi et quatorze heures à la pause déjeuner. J’arpentais les rues avoisinantes, des fois un peu plus loin à l’aide du vélo. Comme pour identifier, apprivoiser, reconnaître, aimer ces espaces, ces lieux d’accueil pourtant invisibles. Entrées, pas de porte, ces lignes imaginaires comme physiques ne créent pas d’intervalle, de frontière, mais l’espace de l’entre-deux. On ne regarde bien que ce que l’on connait. On ne donne donc bien à voir que ce que l’on -croit- connaître. Je pars du postulat que le dépaysement, l’exotisme, ou encore la liberté n’est pas synonyme de déplacement géographique conséquent (transports routiers, ferroviaires, maritimes ou aériens), mais se trouve sous nos pieds, nos yeux. S’en suit logiquement alors l’idée que le voyage serait avant tout une rencontre, un regard porté sur l’espace environnant, les autres. Dans son ouvrage « Le Livre des Passages », Walter Benjamin ambitionne d’illustrer les rapports entre monde onirique et réveil. Employant le terme « sortilège de seuil » (der Schwellenzauber), il évoque la magie exercée par les lieux de passages, tel que porches, entrées, vestibules, pas de porte. De même, il constate que, à part l’assoupissement et le réveil, la célébration de rites quotidiens pour l’être humain est devenue rare : « Nous sommes devenus très pauvres en expériences de seuil ». Aussi il devient nécessaire de répertorier différentes situations de seuil, à l’image d’instants de vie. Le réveil n’est pas une césure, mais la création d’une entrée, un passage à franchir par une succession de rites, conduisant du monde des rêves à celui de l’éveil. Vestibule, entrées, pas de porte, ces lignes imaginaires comme physiques ne créent pas des frontières, mais l’espace de l’entre-deux. Tel une intervalle entre les choses, les êtres.